Et voilà un extrait de la nouvelle écrite au printemps, dans le cadre du concours Georges Sand, sur le thème « manuscrit oublié ». Bonne lecture !
Trembler. Se cacher. Chaque jour. La vie fugitive a commencé. L’exode erratique nous frappe, nous, les personnes qui avons eu le malheur d’afficher publiquement des positions opposées à leurs valeurs. Nous qui avons fait entendre notre voix, qui donnons à voir le monde autrement, les yeux grands ouverts, en posant les questions qui dérangent l’ordre établi. Le marasme résigné de la population s’est répandu, comme porté par l’air, ne laissant aucune chance à quiconque d’en réchapper. L’accablement profond résonne du silence lourd, témoin de la vie qui s’est arrêtée, ponctué seulement des tirs de rafales menaçants, d’ordres vociférés auxquels il faut obéir sans réfléchir si on ne veut pas risquer de fermer les yeux pour l’éternité, de pleurs lancinants d’humains dont le cœur a été brisé, vidé de son substrat parti avec l’âme tant chérie qui vient de leur être enlevée, sans aucune émotion, par une personne dont l’humanité a été broyée par la machine impitoyable de la pensée unique.