Il voit un délicat coquelicot dehors
Seul petit point rouge, perdu et isolé
Baigné, noyé dans cette immensité dorée
Unique, fluet et subtil, il vaut de l’or
Il est présent, fort de son exception, là
Et indemne des bouleversements du temps
Il en est survenu des tempêtes et tourments
Pluies d’hiver, chaleurs d’été, et malgré cela
Il survit encore et toujours, contre les flots
Démontés, d’une mer de blé démesurée
Nature cruelle et sans pitié, il résiste et
Invincible il se bat, petit coquelicot
Vêtu d’un rouge ardent, esquisse luxueuse
Signe de ferveur et volupté passionnée
Hypnotise un regard troublé et égaré
Du passant innocent à la marche hasardeuse
Il l’emporte avec lui dans une folle ronde
Etourdie, une danse belle et sensuelle
Ballet élégant de grâces continuelles
Une orgie de bonheurs inconnus dans son monde
Son odeur si douce lui effleure le nez
Moment de bien-être éternel, envoûtement
Interrompt le cours du temps d’un enchantement
Instant immobile, où tout reste figé
Perdu dans une étreinte nouvelle il se meurt
Violent tourbillon de sentiments profonds
Chocs, entrechocs, explosions et fusion
Nous vident l’esprit et nous emplissent le cœur
Renouvelé, inondé d’une envie de vivre
Regard neuf posé sur un monde qu’il redécouvre
Ce regard enfantin, tel un cadeau qu’il ouvre
Un poids s’est envolé, enfin il se délivre
Alors petite fleur, surtout ne change pas
Paisible interruption de la course du temps,
Une pause infinie dans le cœur du printemps
Répit qui nous guérit, nous dérobe au trépas