Le jour venait de se lever.
Le silence environnant résonnait comme un cri silencieux, arraché du cœur d’un pays malade. Même les oiseaux n’osaient plus chanter, par crainte, sans doute, de réveiller l’enfer qui s’était déchaîné ces dernières heures.
Le silence.
Le silence lourd et pesant, faisait écho au vacarme assourdissant, qui continuait de hanter leurs tympans abîmés par l’impitoyable concert de déflagrations, auquel ils avaient dû assister.
Cette nuit, une nouvelle fois, les avaient plongés dans la terreur, seulement bercés par les explosions des bombes, la détonation des armes à feu, le crépitement des tirs de rafales, semant mort et destruction sur leur passage.
Les insultes des combattants.
Les vociférations des militaires.
Les cris des femmes.
Les pleurs des enfants.
Les hurlements des blessés.
Les râles des mourants.
Tout cela s’était tu dans une lente agonie.
Et là, parmi les gravats, dans cette pierre blanche, immaculée, réduite en poussière, teintée de noir et de rouge, dans ce vide oppressant du lendemain, dans la lumière timide de l’aube, éclairé par les premiers rayons encore froids du soleil, se tient un garçon. Il pense à son pays en guerre. A la peur qui est là, omniprésente.
La peur qui te prend aux tripes.
Il pense à son pays détruit et ravagé, son beau pays qu’il aimait tant. Il pense à sa culture qui part en fumée. Il pense à sa famille restée là, à sa grand-mère, trop vieille pour voyager, trop vieille pour se sauver, à ceux déjà partis, à ceux qu’il ne reverra jamais. Il pense à sa solitude dans ce pays qu’il ne reconnaît plus. Aux épreuves qu’il devra encore subir. Il pense à ce monde que vont lui laisser les grandes personnes. Ce monde qu’ils sont en train de gâcher. Pour des choses qu’il ne comprend pas.
Il rêve, petit enfant, à un monde meilleur.
Il pense.
Il rêve déjà, si jeune.