13 novembre 2015

La France a saigné. Elle a été touchée au cœur. Des actes d’une barbarie innommable ont été commis. Ces actes ont apporté avec eux la mort, la souffrance, la colère et la peur. Oui malgré tout ce qui se dit, malgré toute la bravoure dont on a pu être témoins ces derniers jours, ces dernières semaines, ces derniers mois, j’ai peur. J’ai peur, pour l’humanité, victime chaque jour d’un peu plus de violence et de haine. Peur pour la liberté, condamnée par des êtres qui renient ce qu’est l’être humain. Peur pour l’innocence de nos enfants, qui est mise, si tôt, à rude épreuve. Peur pour la vie de mes proches et de leurs proches. Cependant, je n’ai pas honte d’avouer ma peur et je la nomme.

Car je crois qu’aujourd’hui, il ne faut plus avoir peur de nommer les choses, de mettre des mots sur ce que l’on ressent. Il m’a fallu plusieurs jours avant de réussir à trouver ces mots, à décrire ce qui comprime mon cœur depuis vendredi. Mais nommer les choses permet de prendre du recul sur ses ressentis et de mieux les appréhender, mieux les comprendre et mieux vivre avec. Oui c’est la guerre. Ce n’est pas nouveau, mais vendredi ça a pris un sens encore plus concret et plus violent pour l’ensemble des citoyens français.

Parce que Monsieur ou Madame tout le monde était visé, n’importe qui sans distinction, n’importe qui, qui aurait pu être vous ou moi. Oui il y a eu des morts, des blessés, des personnes qui seront sans doute marquées à vie, qui feront des cauchemars encore, nuit après nuit, qui sursauteront au moindre bruit un peu fort. Mais malgré tout cela, les gens se relèvent, pansent leurs blessures, physiques et morales, font leur deuil, portés par la solidarité qui caractérise une nation unie dans l’épreuve. Solidarité également à l’égard de l’Egypte, du Liban, de la Turquie, la Tunisie et du Kenya, frappés d’au moins autant de violence et de barbarie, ainsi que les citoyens syriens qui subissent cette guerre quotidiennement, au plus près de l’horreur.

Surtout, n’oubliez pas : le pouvoir des mots est infini et la parole est le véhicule de l’Homme : parole porteuse d’esthétisme, d’art, de culture, de liberté, d’amour, d’amitié, de foi, de croyances, d’espoirs. Alors parlez, écrivez, véhiculez, vivez par ces mots qui continueront d’être vecteur de vie, représentation dans ce que nous sommes et de ce que l’on ne pourra jamais nous enlever.

Le temps d’une nuit, la France est tombée à genoux, persécutée par la folie meurtrière de négationnistes de l’humanité. Ces monstres qui ne cherchent qu’à annihiler tout ce qui est l’Homme, en s’attaquant aux symboles de ce qui fait de nous un peuple libre et heureux : la culture, la musique, la liberté d’expression, la joie d’être entre amis, d’échanger, de se retrouver, de déguster du bon vin, d’apprécier de la bière, de s’engueuler, de râler, de s’aimer.

Mais la France se relève, et si chacun peut avoir peur seul, ensemble, la France n’a pas peur de s’affirmer comme libre et combattante pour garder cette liberté. La France est belle, la France est unie, la France est solidaire, la France est debout.

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