Réécriture d’un texte sur le thème de l’humour

C’est vendredi soir, fin de semaine, enfin le weekend ! Et pas n’importe lequel : Pâques. Repas chez mémé, recherches des œufs en chocolat, dans le jardin, à moitié fondus par le soleil, avec les enfants, bref, le bonheur quoi !

Fin de journée, gare Montparnasse, heure de pointe, le pied total : des gens partout, qui crient, qui râlent (mais pas moi !), des enfants qui pleurent… Douce mélodie à mes oreilles après une journée harassante de travail. Comme d’habitude à la SNCF, le train en partance pour Granville (oui parce que comme je ne suis pas maso, je pars en plus en Normandie, le nord pour moi, histoire d’être sûre d’avoir beau ET chaud). Donc bref, ce train est en retard. Il paraît qu’en Suisse, ils s’excusent platement s’il y a plus de deux minutes de retard par rapport à l’heure prévue… Ils devraient prendre exemple, les gens seraient peut-être plus détendus. Et pour combler le tout, le train est bien entendu complet… bah voyons ! Forcément, ça va être encore la croix et la bannière pour trouver une place assisse, mais on se détend, on respire un grand coupe et on y va.

Enfin le train est là, je tente donc de me glisser entre un monsieur bibendum et un geek métalleux apparemment fan du Helfest, en témoignent ses nombreux bracelets, pour atteindre mon compartiment bondé. Mais ils ne partent pas dans le sud normalement les gens ? C’est quoi, une nouvelle mode ? « Vos vacances dans le Nord, ça vous rend plus fort ! » Mouais. A d’autres.

Et c’est là, en m’asseyant (joie bonheur) que j’aperçois cette femme. Bon d’habitude je ne suis pas médisante, mais là, là ça vaut le détour quand même. Vous vous rappelez du monsieur bibendum de tout à l’heure ? Et ben là, j’ai madame. Et encore, si ça s’arrêtait là… Il y a des femmes fortes très jolies et qui savent se mettre en valeur. Mais là non. Vraiment, non. Un chapeau de paille trop petit recouvre avec peine une tête rougeaude et des cheveux gras, tandis que sa robe à fleurs… robe avec de jolies couleurs acidulées d’ailleurs, mais malheureusement, là, ça fait l’effet d’un filet mignon dont on aurait trop serré les ficelles. Une quadra qui se veut féminine mais qui est loin, que dis-je, très loin (c’est un cap, une péninsule !) de l’être. Courte sur pattes, voir tassée sur elle-même, ça n’arrange pas les choses. Et enfin, pour couronner le tout, sa mine patibulaire ferait s’abstenir n’importe qui de lui demander l’heure. Il y a des chiens, ils aboient mais ne mordent pas, et bien elle, on a l’impression que c’est le contraire.

Et comme si ça ne suffisait pas, ça serait trop beau… Elle ruine mon rêve de voyage calme en sortant son téléphone. La voix colle bien au personnage. Forte, grave, un vocabulaire de poissonnière, l’odeur qui va avec, bref la typique provinciale du fin fond du trou du cul du monde qui rejoint son pays. Je cherche un moment tous les moyens possibles pour la faire taire, repensant un instant au meurtre à la petite cuillère, avant de revenir plus raisonnablement à l’idée de balancer le portable par la fenêtre. Mais finalement, j’opte pour une attente plus ou moins patiente… Parce que d’un, je n’ai pas de petite cuillère, de deux je ne voudrais pas me faire mordre en l’approchant de trop près et de trois, vous l’ouvrez comment la fenêtre dans le TGV vous ? Voilà, voilà, pour l’idée brillante, on repassera. Heureusement pour mes tympans… et tous ceux des autres voyageurs, un homme perd en route son self-control et se met à aboyer contre la bonne femme, qui d’abord surprise, ne se laisse pas faire, faut pas rêver… et se met à crier encore plus fort, oui c’est possible ! Au comble du désespoir, je sors mes boules Quies sous le regard amusé de certains passagers et finit par m’endormir, assouvie du silence intérieur de mes oreilles.

Le lendemain, je décide d’échapper à l’odeur de renfermé de la maison familiale en cheminant tranquillement AU CALME, sur le sentier des douaniers. Soudain comble de l’horreur, je LA vois, au loin : la robe à fleur ! Mais pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour mériter ça ? Quelqu’un m’en veut, c’est obligé  ! Finalement, le renfermé c’était pas si mal… Tiens, ça m’apprendra. Bref, je me dis qu’elle va me reconnaître, ou pire ! M’aborder. Je crois qu’entre le personnage, l’haleine de baleine et la voix criarde, je deviendrais en même temps aveugle, sourde et anosme (oui ce mot existe, non je ne l’ai pas inventé, ça veut dire que je n’aurai plus d’odorat). Donc je me demande comment les éviter sans que ça ne se remarque. Ah oui, parce qu’ils sont deux !  Madame et Monsieur, un petit gros tout bouffi… ça on peut dire qu’ils se sont  trouvés ces deux là ! Mais bientôt, il est trop tard pour m’enfuir, ils sont à ma hauteur. Je m’attends avec résignation à perdre trois de mes sens d’un coup, mais non, non, ils ne me calculent même pas. Du coup, un peu maso sur les bords, je ralentis le pas, curieuse de savoir le sujet au centre de leur attention.

Le fameux repas de Pâques ! Effectivement, ça semble logique lors du weekend de Pâques. Et tendis que Monsieur tente vainement, de sa petite voix fluette, de défendre une idée un peu novatrice, Madame lui rabat le caquet en insistant sur le traditionnel Agneau de Pâques. Et ben, c’est pas tout ça, mais je crois que je vais aller retrouver mes œufs en chocolat moi !

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